Remonter ] Kasen ] Shisan ]

 

Haïku , poème court  

Quelques définitions à connaître (avec l'aimable autorisation de André Duhaime)

HAÏKU

C'est à Basho (1644-1694) que l'on attribue la fragmentation du tanka ou du poème lié (les opinions diffèrent selon les spécialistes), c'est-à-dire la pratique d'écrire un hokku sans souci d'enchaînement. Bien longtemps après Basho, Shiki (père du haïku et du tanka modernes, 1867-1902) donne un nom à ce "chaînon" isolé: haïku (haïkaï-hokku).

     Qu'est-ce donc que le haïku? C'est un poème sans mots, c'est-à-dire très bref, un tercet d'habituellement 17 (5/7/5) syllabes. Il contient une référence à la nature (kigo), à une réalité non seulement humaine. Sobre, précis, subtil, dense, sans artifice littéraire, il évite les marques habituelles du poétique, telles la rime et la métaphore. Loin du grand souffle lyrique occidental, le haïku peut sembler anodin au premier abord; en fait, il est banal ou sublime, tout se jouant sur la corde raide tendue entre le poète et le lecteur.

     Juxtaposition de l'immuable et de l'éphémère. Légèreté humoristique désamorçant tout pathos. Art du détail. Fragment de vie, de souvenir, de rêve. Lire et écrire des haïkus, c'est découvrir une conception autre de la poésie. Par son caractère unique, cette forme poétique permet à la fois la prise de conscience et l'expression de l'ici - maintenant; il ne donne aucun espace à l'abstraction, à l'élaboration des sentiments, à la rêverie. Le haïku est un poème concret, une poésie des sens et non des idées...

RENKU - RENGA

 Le poème lié est une forme étrange pour les Occidentaux. La première caractéristique du poème lié est qu'il s'écrivait avec la collaboration de plusieurs poètes réunis en un même lieu pour une séance d'écriture, ou plutôt pour une joute dans laquelle chacun intervenait à tour de rôle. En Amérique, un renku se fait généralement par téléphone, par la poste ou encore par courrier électronique.

     Deux autres caractéristiques. La forme est fixe; le premier chaînon et les chaînons impairs sont des tercets de 17 (5/7/5) syllabes, et le deuxième chaînon et les chaînons pairs sont des distiques de 14 (7/7) syllabes. Traditionnellement, un renku est constitué de 36 chaînons, 36 haïkus en quelque sorte, et est appelé kasen. La construction est non linéaire et sans plan logique, chaque chaînon ne répondant qu'au chaînon précédent: ainsi, le chaînon "B" répond au chaînon "A", et, oubliant "A", "C" répond à "B". Un renku se donne à lire comme une suite, à la fois liée et indépendante, de tankas. Plutôt qu'au jeu du Cadavre exquis (jeu littéraire surréaliste consistant à faire composer une phrase par plusieurs personnes qui ne savent pas ce que les autres ont écrit), le renku se comparerait plutôt à une partie d'échecs, un jeu ouvert et tout en stratégies. Tout l'art du poème lié réside dans l'enchaînement et le jeu gagne en complexité selon le degré de connaissance et d'habileté des "joueurs". Comme le souligne E.R. Miner, le poème lié est un sujet d'étude d'au moins vingt ans! Si le temps requis pour la composition d'un de ces poèmes est de deux à quatre heures, le temps alloué à l'écriture d'un chaînon n'est que de quelques minutes.

Extraits d’un texte de André Duhaime (Copyright © 1996)

André DUHAIME ( http://pages.videotron.com/haiku )

Autres précisions :

Le renku est une suite de poèmes qui s’enchaînent, écrits alternativement par plusieurs poètes. Ce terme " renku " s’est substitué au terme plus ancien " renga " Mais il faut savoir aussi que le renga était constitué de tanka, le plus souvent de 100 chaînons.

Le renku ou renga est né à la Cour à la fin de l’ère Heian (794 – 1185, se poursuivant dans les monastères où se réfugiaient le monde des artistes. Comme il pouvait aussi se poursuivre dans le monde flottant (celui du monde de la vie quotidienne opposée au monde sacré.

Pour autant, la poésie est la création et elle n’est pas à l’extérieur de notre civilisation. Ainsi, le poète Ôoka Makoto, né en 1931, expérimenta des expériences poétiques avec des poètes d’autres pays et il en ressortit quelques variantes du renku classique. Comme le renshi en vers libres et détaché de la rythmique obligée du renku, y compris des allusions aux saisons ou instants. Ce qui comptait alors était de faire des poèmes en chaîne où chaque strophe était en harmonie avec la précédente, sans que la continuité n’apparaisse ni trop lourde, ni trop évidente.